Ecrire pour ne pas oublier, le décrire pour fixer ce moment, pour peut-être mieux le partager avec elle dans quelques années. L’écrire ici pour le revivre une nouvelle fois, pour oublier qu’il n’y en aura pas d’autre.
Elle avait su s’imposer à nous, se nicher discrètement dans mon corps alors qu’on ne l’espérait plus. Elle a su de la même façon choisir son heure et imposer sa manière pour voir le jour.
Vendredi 16 décembre, je déjeune avec un couple qui connaît des difficultés pour concevoir un enfant. Une amie commune nous a mis en relation afin de leur faire partager mon expérience de la FIV au Brésil.
Suite à ce déjeuner, je prends le métro pour rentrer chez moi. Et comme je suis en forme et qu’il fait beau, je décide de faire le dernier kilomètre à pied. Je ressens bien quelques contractions un peu plus fortes, mais rien d’insupportable.
A la maison, les grumeaux m’attendent : nous installons un atelier bricolage : découpe, perforatrices, on s’amuse. Les contractions sont un peu plus violentes mais elles ne viennent pas du dos. J’appelle une amie qui comme moi avait eu des séances d’acupuncture pour déclencher l’accouchement. Oui, elle avait bien eu des contractions plus violentes après la séance. Chronomètre me dit-elle. Sage conseil mais avec 2 enfants excités à gérer, pas évident de sortir le chronomètre.
Soudain, je sens un truc bizarre, je vais aux toilettes et constate des saignements. Surement le bouchon muqueux. Ou pas. Je préviens l’homme, juste pour info mais pas d’alerte. Je vais prendre une douche chaude, à défaut d’avoir une baignoire. J’appelle quand même Dra Janine qui me demande d’évaluer le volume des saignements. Comment on évalue ce genre de chose ?? Dans le doute, elle me demande de passer à son cabinet. Nouveau coup de fil à l’homme qui est déjà en route.
Le chauffeur de taxi est un homme bavard qui s’inquiète du prix du café à Paris (malgré 4 ans ici, je conserve un pitoyable accent français). Je n’ose lui dire que la dernière fois que j’ai bu un café à Paris, on payait encore en franc. Ok, j’exagère un petit peu. Et le voilà qui se lance dans la comparaison des systèmes de santé. Discussion certes intéressante mais j’ai un peu de mal à me concentrer, j’aurais peut-être dû les chronométrer ces contractions.
Mon homme m’attend sur le trottoir, nous montons voir la gynéco.
Finalement, c’est un peu poil inconfortable ces contractions qui se répètent toutes les 2 minutes mais ça doit être pour de faux car ça ne vient toujours pas du dos. Dra J commence l’examen et s’inquiète du volume des saignements, trop importants. Une rapide échographie montre que la partie interne du col est ouverte mais qu’il est toujours fermé de l’autre coté. Mais les saignements ne nous laissent pas d’alternative : il faut aller à la maternité. Dra J prévient son équipe et mon pédiatre : ce sera pour aujourd’hui, certainement une césarienne. En l’entendant dire cela, je réalise que je ne veux pas de césarienne. Pas comme ça.
Direction la maternité, un vendredi soir à 17h30. Avec la gynéco assise à l’arrière de la voiture. Sauf qu’un vendredi soir à 17h30, c’est pour le moins encombré. Mon homme panique un brin et nous nous attendons à recevoir quelques amendes pour avoir roulé sur le trottoir, pris des stations services pour une voie rapide, doubler par la droite, etc. Contractions se rapprochent : 1min 45 et quand même ça fait un peu mal mais nous avons un médecin dans la voiture, aucune raison de paniquer.
Vers 18 heures, nous arrivons à la maternité. Mon HMV se charge de la partie administrative pendant que la gynéco m’entraine en salle de travail. Là je ne peux plus marcher pendant les contractions, finalement une césarienne, pourquoi pas ?
18h30, l’anesthésiste pose la péridurale. Je suis inquiète et espère qu’il va arriver à viser juste entre 2 contractions. Je lui signale et lui mets un poil la pression en lui indiquant que sa femme était l’anesthésiste pour mon premier accouchement, alors que je vais pouvoir comparer. Il est inébranlable face à mes remarques douteuses (à mettre sur le compte du cocktail qu’il a branché à mon bras). Soudain, plus de douleurs. Je suis amoureuse, cet homme est exceptionnel.
Mais c’est tout de même mon homme à moi que j’attends maintenant…
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